S.O.S, un morse en Atlantique !

Publié il y a 3 ans - A LA UNE !

Par Hugues Maldent, publié le 04 juin 2021 / Crédit vidéo : Huguet

Voilà une rencontre insolite : un « morse » – oui vous lisez bien – un morse filmé le 27 mai dernier sur la petite rampe de mise à l’eau côté large de Port-Olona, aux Sables d’Olonne, en Vendée ! Ce mammifère marin, que certains ont prénommé « Wally » est bien reconnaissable avec ses deux défenses, caractéristiques de son espère (Odobenus). Il s’agit probablement d’un jeune mâle si on en juge la longueur relativement courte de ses deux canines extérieures. Malgré sa jeunesse apparente, l’animal est déjà imposant puisque qu’il doit approcher les 3 mètres de long et que son poids a été estimé à 350 kg (les gros spécimens adultes peuvent largement dépasser la tonne). Il semblait se reposer après, on l’imagine, un voyage de plusieurs milliers de kilomètres !

Ce morse avait été aperçu un jour avant, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, 30 km plus au Nord. Il a continué son périple en direction du Sud, puisqu’il a été de nouveau été repéré dans le port de Chef-de-Baie, près de la Rochelle, en Charente-Maritime. Il semble plutôt en bonne condition physique car il aura donc ainsi parcouru 57 km à la nage en 24 heures ! Là, il a été observé et filmé se reposant de son effort au fond d’une petite coque de noix amarrée dans le petit port et qu’il avait visiblement trouvé à son goût pour une bonne sieste ! Arrivé le vendredi, il est reparti le dimanche 30 mai et on a, depuis, perdu sa trace… A-t-il poursuivi son périple vers le Sud ou a-t-il enfin décidé de faire demi-tour pour repartir dans les eaux froides de l’Artique… mystère !

La rencontre avec un morse sur nos côtes de Manche et d’Atlantique est extrêmement rare !

Croiser un morse sur nos côtes est extrêmement rare, on note sur les dernières décennies, peut-être une observation tous les 10 ans. Et c’est tout à fait normal puisque notre littoral est bien loin de son habitat naturel. Les populations de ce mammifère marin sont cantonnées dans le monde au nord de l’hémisphère nord, tout autour du pôle, avec plusieurs sous-espèces réparties entre le Pacifique nord et l’Atlantique nord (sous-espèce « Rosmanus » dont pourrait faire partie le morse « Wally »). Il n’est pas non plus acclimaté à nos eaux tempérées, trop chaudes pour lui. Grâce à sa graisse et sa fourrure, il supporte des températures extérieures jusqu’à -35°C et au dessus de +15°C, il préfère rester dans l’eau pour se rafraichir ! Côté apnée, nous autres pêcheurs sous-marins et apnéistes ne supportons pas la comparaison car, à chaque descente, il reste facilement 10 minutes sous l’eau, approchant ainsi à longueur de journée, le record du monde de l’espèce humaine… Et quand cela est nécessaire, il semble pouvoir retenir sa respiration environ 1 heure et descendre à 80 mètres !

Quelle est l’histoire particulière de notre morse « Wally » ?

Nul ne le sait vraiment. Des observations d’un morse, qui pourrait avoir la même morphologie et des taches distinctives sur le pelage, ont été relatées il y a plusieurs semaines, tout d’abord en Irlande puis plus au Sud, dans le Pays-de-Galles et sur les côtes d’Angleterre. S’agit-il du même animal ? …peut-être. Si c’est le cas, comment se nourrit-il loin de ses ressources alimentaires habituelles ? Les morses affectionnent les mollusques bivalves qu’ils vont débusquer au fond de la mer dans les petites profondeurs. Ils apprécient aussi les crabes et à l’occasion les petits poissons voire les charognes d’autres animaux. Si les espèces de coquillages sont différentes sur nos côtes, il est probable qu’il puisse en trouver, les apprécier aussi et donc se nourrir.

Alors pourquoi a-t-il quitté ses terres natales ?

Du fait de sa jeunesse, c’est peut-être un animal qui s’est égaré après avoir perdu sa colonie de rattachement. A-t-il voulu, entrainé par la fougue de son jeune âge, découvrir de nouveaux territoires ? …à moins qu’il n’ait organisé tout ce périple pour arriver début juillet, près de Marseille ou Ajaccio et passer des vacances en soleil ! Bon, rien n’est moins sûr ! Il est certain qu’il ne peut pas séjourner et survivre sur nos côtes très longtemps et nous espérons pour notre morse voyageur qu’il ait pris le trajet du retour…

Si vous l’aperceviez sur un autre lieu de la côte atlantique voire de Manche, vous pouvez contacter l’observatoire des mammifères marins basé à La Rochelle : www.observatoire-pelagis.cnrs.fr

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